POURQUOI COMMÉMORER ?
La volonté de maintenir vivant le souvenir obsède les sociétés contemporaines.
Parfois même, elle les abuse, les conduisant insidieusement à sacraliser la mémoire et à se détourner du présent et de l’avenir.
Or la mémoire collective ne doit sauvegarder le passé que pour mieux servir au présent et à l’avenir.
Elle n’est utile, et légitime, que si elle nous offre les conditions de notre liberté et de notre émancipation.
En effet, depuis la Seconde Guerre mondiale, on reconnaît aux individus un devoir de mémoire.
Le risque est de se reconnaître dans un statut de victime pour toutes les communautés qui ont été victimes de massacres ou de génocide.
Cela peut déboucher sur une guerre des mémoires, comme en témoigne le fait, après la reconnaissance de la Shoah, de groupes qui veulent qu’on reconnaisse leur statut de victimes de génocide, de victimes de l’esclavage, de la traite des noirs. Il y a une concurrence et une guerre des mémoires.
Le risque est d’un côté d’écrire une mémoire officielle, une mémoire nationale qui prend en compte tous les groupes victimes et de l’autre la communautarisation de ces populations qui sont chacune dépositaire de leur histoire dramatique, de leur mémoire dramatique et qui seraient en concurrence les unes avec les autres.
Commémorer ce n’est pas confronter nos mémoires, commémorer c’est se souvenir ensemble
QU’EST-CE QUE LE SOUVENIR ?
« Se souvenir, c’est d’abord donner une forme de vie à celui qui n’en a plus. Les morts nous quittent mais continuent à vivre dans nos souvenirs. Une forme d’immortalité se dégage du souvenir par autrui. »
écrit Deborah Intelisano à propose de la Shoah
Souvenons nous des 18,6 millions de morts de la Première Guerre mondiale
Souvenons nous des 6 millions de victimes juives, mais aussi de toutes les autres dizaines de millions de pertes humaines liées à la Seconde Guerre mondiale,
Plus prêt de nous, souvenons nous également , c’est à dire : à parts égales, de toutes des victimes innocentes de la guerre des mémoires qui fait rage aujourd’hui au proche Orient
« Autant d’êtres à qui la vie a été brutalement arrachée qu’il faut faire revivre dans nos mémoires, en forme de respect.
C’est là tout l’intérêt des commémorations dédiés aux victimes, à qui l’on donne le respect dont elles ont manqué, en leur donnant l’immortalité. »
Se souvenir c’est surtout apprendre du passé, c’est en retirer une source inépuisable de connaissances, sur l’humain comme sur la société. Apprendre des erreurs commises au cours de l’histoire revient à apprendre comment la haine a pu se propager.
La connaissance du passé nous apporte aussi, et surtout, la capacité de reconnaître certains signaux d’alerte, afin que l’histoire ne se répète pas.
Dans une période aussi particulière que celle que nous vivons actuellement, où de nombreux régimes politiques peu démocratiques semblent accueillir, les crises internationales, et les moindres provocations terroristes, comme une opportunité providentielle de restreindre les libertés, connaître ce type de manœuvre caractéristique d’un basculement vers l’autoritarisme peut s’avérer salvateur.
Connaître l’humain revient à savoir ce que l’humain peut faire de meilleur, mais aussi ce qu’il a de plus mauvais en lui.
Se souvenir c’est combattre l’indifférence.
En connaissant les horreurs de la guerre, nous ne pouvons être indifférents, lorsque l’histoire se répète.
Lorsque nous oublions, nous devenons vulnérables et risquons donc de laisser répéter les erreurs commises auparavant.
De même, lorsque nous ne nous sentons pas concerné·e·s par un passé qui nous semble lointain, nous nous laissons aller à une indifférence destructrice.
Souvenons nous des toutes ces victimes autant d’êtres à qui la vie a été brutalement arrachée qu’il faut faire revivre dans nos mémoires, en forme de respect.
Souvenons nous que c’est dans des nationalismes et communautarismes exacerbés que s’épanouissent les racines de la guerre
Vive la paix
Vive l’Europe
Vive la république
Vive la France